Agilité & Incertitude | « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »
Face à la crise du Coronavirus … « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »
Attribuée à Socrate, cette maxime nous rappelle l’humilité dont on doit faire preuve face à des événements qui, malgré nos modélisations les plus sophistiquées, nous dépassent le plus souvent. Elle redonne un sens concret au mot « incertitude ». Nous avons tant utilisé ce terme ces dernières années… Nous n’imaginions pas dans quelle mesure et à quelle vitesse elle se matérialiserait dans notre économie, nos organisations, nos vies.
Face à l’arrivée subite de cette crise, nous pouvons faire deux constats. D’une part, les organisations ont un niveau de préparation très inégal. Par ailleurs, elles ont fait preuve d’une faculté d’adaptation plutôt remarquable. Face à l’urgence, parfois animées par un sentiment proche de l’instinct de survie, elles ont rapidement basculé vers des modes de fonctionnement inédits et surtout inenvisageables auparavant. Tout à coup, nos organisations sont orientées résultats, tournées vers le client, solidaires, construites sur la confiance…
Nous aimerions maintenant nous projeter. Mais à l’heure où j’écris ces lignes, l’incertitude fait toujours loi. Le début de déconfinement est annoncé pour le 11 mai, mais dans quelles conditions ? Comment va réagir ensuite notre économie ? Personne ne peut dire aujourd’hui de quoi demain sera fait. Alors que faire face à ce crash-test grandeur réelle pour nos organisations ?
Nous avons besoin de prévoir, d’anticiper. Il ne s’agit donc pas d’arrêter d’imaginer des scénarios pour notre futur. Mais nous disposons aujourd’hui d’un échantillon représentatif de ce que nous réserve l’incertitude. Nous avons testé notre capacité d’adaptation, quitte à remettre en cause les codes traditionnels de nos organisations. Alors retenons au moins cette leçon. Acceptons l’idée que nos organisations auront largement surmonté la crise parce qu’elles auront lâché prise. Elles auront su abandonner leurs principes d’organisation et de management historiques et rigides. Elles auront, l’espace de quelques semaines, eu le droit de goûter à l’agilité. Revenir en arrière après le déconfinement serait terrible. Et le serait aussi bien pour les collaborateurs que pour leurs clients.
A chacune de pousser la réflexion. L’opportunité est trop belle. Chaque organisation doit tirer les leçons de cette période et faire table rase du passé. Elle doit faire le point sur ses atouts et ses points faibles, sans tabou. A chaque entreprise de définir, sur ces bases, chacune avec son ADN, sa culture et ses valeurs, ses propres modes de fonctionnement.
Cette crise nous invite donc, plus que jamais à réfléchir :
• Nos structures organisationnelles. Comment mieux servir nos clients ? Répondre aux aspirations de nos collaborateurs ? Mettre l’accent sur l’autonomie et la responsabilisation, la simplicité de fonctionnement et le bon sens ?
• Nos stratégies de gouvernance. Quels nouveaux rôles et de nouvelles responsabilités, clairs et partagés par tous ?
• Nos postures relationnelles, tant avec nos collaborateurs qu’avec nos clients. Qu’est-ce qui compte vraiment ? La confiance. Comment construire la confiance ? Par l’écoute active, la proximité, la transparence.
• Notre culture de travail et le choix de nos méthodes. Que risquons-nous, surtout dans les circonstances, à essayer de faire autrement ? Qui est mieux placé que nos clients, ou nos collaborateurs qui leur parlent tous les jours, pour nous dire ce qui marche ? Et si la qualité de notre relation clients nous permettait de tester nos produits et services avec eux ?
Faisons au mieux pour subir le moins possible. Soyons plus attentifs que jamais à ce(ux) qui nous entourent, plus solidaires. Construisons, ensemble, des organisations plus agiles, étendues, pour traverser cette période et mieux vivre les suivantes.