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Dépasser l’inertie pour répondre aux urgences sociales et écologiques dans les quartiers

Article 2/3 du tryptique “Au cœur des quartiers, les défis d’une transition juste”, rédigé par Frédérique Triballeau. Découvrir les articles 1/3 et 3/3.

 

L’urgence climatique et sociale dans les quartiers

Cela va de soi : l’urgence est là, notre maison brûle, mais les quartiers aussi. De nombreux quartiers connaissent des situations de plus en plus précaires, marquées par des tensions sociales palpables. Pendant l’été 2022, 70 % des habitants des quartiers prioritaires ont souffert de la chaleur, contre 56 % pour la moyenne nationale. Durant l’hiver, ce sont 52 % d’entre eux qui ont éprouvé le froid dans leur logement et seulement 35 % pour la moyenne nationale. De plus, 72 % d’entre eux craignent une hausse importante de leur facture énergétique en raison de l’augmentation des prix de l’énergie, alors 37 % des locataires du parc social sont touchés par la précarité énergétique.

Malgré ces indicateurs alarmants, les acteurs de la Politique de la Ville semblent ne pas mesurer pleinement l’urgence de la situation. Face à des enjeux aussi vastes et interconnectés, l’inertie prévaut souvent. Les actions suivent la logique de la pyramide de Maslow : répondre d’abord aux “besoins de base” avant de s’attaquer à d’autres problématiques, dans une approche linéaire axée sur la survie immédiate.

 

Faire de la transition juste une préoccupation quotidienne

Et si nous changions de perspective pour considérer la transition écologique comme une priorité du quotidien ? Par exemple, lutter contre les passoires thermiques et renaturer les quartiers permet non seulement de réduire les dépenses énergétiques, mais aussi de faire face aux vagues de chaleur et de protéger la santé des plus vulnérables. Pour garantir que cette transition ne soit pas déconnectée des réalités, le terme “juste” peut lui être associé. Ce concept est apparu dans les années 70 aux États-Unis. Il souligne l’importance d’accompagner le changement tout en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. Popularisée en France lors du mouvement des Gilets Jaunes, la transition juste insiste sur l’importance de considérer les enjeux sociaux dans les mesures écologiques.

Cette situation d’inertie dans les quartiers soulève également des questions sur le rôle des élus dans la Politique de la Ville. Ceux qui s’y intéressent privilégient généralement d’autres domaines tels que la jeunesse, l’emploi ou la santé, qui sont évidemment tout aussi important. Cependant, cette disparité d’intérêts sur la transition écologique se traduit par des variations importantes dans la prise de conscience et l’action, entraînant un manque de vision d’ensemble des quartiers pour l’horizon 2030 en France, même au sein d’une même métropole.

Pour autant, une des meilleures façons de rendre la transition écologique concrète est de mesurer ses effets dans les quartiers. Actuellement, il manque beaucoup de données à ce sujet dans les diagnostics de quartiers, qui sont essentiels pour établir les priorités dans les contrats de ville. Renforcer les partenariats entre les communes et les agences d’urbanisme peut être un levier important. Rendre l’urgence de la transition écologique visible et la partager au sein d’une métropole ou d’une collectivité pourrait aider les villes qui ne l’ont pas encore considérée comme une priorité à rattraper leur retard.

 

Découvrez dans le prochaine article : Pour une approche systémique, inclusive et démocratique de la transition écologique

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Crédit photo : Frédérique Triballeau – Quartier des Acacias à Louviers, quartier prioritaire de l’Agglomération Seine-Eure, dont Julhiet Sterwen a accompagné l’élaboration du contrat Quartiers 2030